« Un éclair traverse son esprit, rapide et obstiné. Un désir violent et précis. Il faut que je peigne... Voila Alix qui s'enferme dans son atelier avec la foudre qui vient de la traverser et qu'il lui faudra dompter. La fumée d'une musique remplit l'air. Tout est prêt. Plus rien ne les arrêtera, ni la bête de courir, ni la peintre de la dompter.
Alix, par sa détermination naturelle, se concentre sur la toile, champ d'une bataille à venir, et abat sur le reste du monde une obscurité silencieuse, une immense indifférence. Elle scrute ce large espace blanc, comme une arène immaculée, pleine de promesses et de fantômes. Elle noircit alors la toile de reliefs imaginaires, le charbon s'écrase sous ses doigts. Tout est stratégie pour dompter la muse sauvage, telle un esprit d'Afrique noire que l'on canalise sur un masque sculpté.
Soudainement les couteaux entament la rituelle et frénétique bataille. La pâte et la lumière s'abattent sur la toile, s'affrontent, se mêlent dans une valse de couleurs. L'œil de l'artiste, intolérant démiurge, les soumet à son exigeante impulsion. L'huile, épaisse et d'une lumière opaque, est posée par vagues sur les vagues précédentes. Les formes paraissent, les couleurs, angulaires ou diffuses, remplissent l'espace et en débordent largement, colonisant le vide qui entoure la toile.
Cette matière, loin de figer le sujet dans le tableau, donne au contraire une éternité à sa vibration tant qu'à l'éblouissement du soleil invisible qui l'illumine et ne s'éteint jamais.
Alix dépose sur la toile le battement de ses propres veines, comme autant de coups gagnants dans la bataille. En ces minutes extraordinaires, elle enferme dans ses couches d'huile l'énergie de l'inspiration soudaine qui l'avait saisie et qu'elle a ainsi apprivoisée.
Vous ne verrez non pas un joueur de polo ou un taureau de corrida représentés ici mais bien cette énergie qu'ils portent et dont ils deviennent une puissante allégorie. De même, Alix ne décrit pas la réalité physique d'un homme concentré sur son échiquier, mais les méandres de sa réflexion dont le décor même est une image sensible.
La furie d'un animal, la course d'un joueur de polo, le remords d'un homme accablé, la chaleur d'une veillée au coin du feu, une image surprenante sur la flaque d'une rue mouillée, sont autant d'instants de vie qui trouvent chez Alix une résonnance particulière et sûre.
Décoratif et sans idéologie, c'est simplement à ce que la vie a de plus fugace et intense, de plus instinctif et puissant, qu'Alix dédie sa peinture, en toute franchise. »
Astrid de Noinville
Originaire de l'Allier, Alix de Chatelperron est née en 1987. Elle a étudié l'histoire de l'art à l'Ecole du Louvre où elle a aiguisé son œil à la perfection des exemples du passé.
Devant les toiles de Nicolas de Staël, Alix prend en main son premier couteau ; elle se réclame encore de ce grand maître de la couleur et de la matière.
Mais le caractère et la vitalité de la peinture d'Alix nous révèlent une sensibilité originale, couplée à une profonde assurance, discrète et inébranlable.
N'hésitez pas à prendre contact avec elle, pour toutes demandes, commandes particulières.
L'artiste vous souhaite une bonne visite sur son blog et vous remercie des remarques que vous y laisserez !